22,1 GW. Le chiffre tombe sans fioriture : c’est la capacité installée de l’éolien français en 2023. Derrière cette avancée, une progression régulière de 1,3 GW par an sur dix ans, mais aussi un paradoxe bien français : une dynamique confortée par la réglementation européenne, freinée par des procédures d’autorisation interminables, les plus lentes d’Europe occidentale.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie vise les 33 GW pour 2030. Les professionnels du secteur, eux, s’attendent à voir le rythme s’accélérer après 2027, en misant sur la montée en puissance de l’éolien en mer. Le paysage industriel se prépare à une vague d’investissements, souvent orchestrés par des partenariats public-privé renouvelés.
Le marché de l’énergie éolienne en France : état des lieux en 2024
Le marché de l’énergie éolienne en France se divise aujourd’hui en deux univers bien distincts : l’éolien terrestre, encore largement majoritaire, et l’éolien offshore, appelé à prendre le relais pour la décennie à venir. Les usages, eux, se déclinent entre secteur résidentiel, commercial et industriel, même si les grandes entreprises privilégient les emplacements offrant le meilleur rendement.
Pour y voir plus clair, voici les principaux groupes qui tirent leur épingle du jeu en 2024 :
- Engie SA, pionnier du secteur éolien français,
- TotalEnergies, qui accélère sur le segment offshore,
- Voltalia SA, reconnu pour sa maîtrise des projets multi-énergies,
- Neoen SA et EOLFI SA, moteurs de l’innovation,
- Albioma SA et FED Énergies renouvelables, toujours à l’affût de nouveaux débouchés.
Ce tissu d’acteurs favorise une concurrence féroce, renforcée par la multiplication des consortiums et l’essor des modèles collaboratifs avec le secteur public.
La France, tout en s’alignant sur les ambitions européennes, cherche à réduire les lenteurs administratives qui plombent les projets terrestres. L’Hexagone reste derrière l’Allemagne ou l’Espagne en volume, mais affiche une progression tangible : la part des renouvelables dans le mix énergétique s’étend, portée par l’urgence climatique et la pression des objectifs fixés à Bruxelles.
Quels moteurs et freins pour la croissance du secteur d’ici 2032 ?
Le soutien public reste le pivot du développement éolien français. Les règles européennes, relayées par les politiques nationales, ouvrent la voie à de nouveaux projets. La France s’efforce de limiter son usage des énergies fossiles, tout en visant les objectifs de l’Accord de Paris. Cette stabilité réglementaire rassure investisseurs et opérateurs.
La nécessité climatique joue son rôle d’accélérateur. Pour réduire les émissions, la part des énergies renouvelables ne cesse de croître dans le mix national. Sur le terrain, les régions multiplient les initiatives, que ce soit à terre ou en mer, pour satisfaire la demande d’électricité propre.
Mais le secteur n’avance pas sans obstacles. Les verrous administratifs et lourdeurs législatives continuent de ralentir la filière. Procédures complexes, empilement d’autorisations, recours multiples : chaque étape peut s’éterniser, au détriment de la rentabilité et de la compétitivité. Un projet peut s’embourber pendant des années, entre consultations et expertises successives.
Le défi de la prochaine décennie ? Accélérer les circuits administratifs, raccourcir les délais d’instruction, mais sans sacrifier l’acceptation locale. Les professionnels surveillent de près les évolutions réglementaires, tout en misant sur la technologie et l’innovation pour contourner les blocages. La croissance du secteur dépendra d’un dosage subtil entre exigences environnementales et adaptation aux réalités du terrain.
Prévisions chiffrées : à quoi s’attendre pour la taille du marché en 2032 ?
La décennie qui s’ouvre devrait marquer l’affirmation industrielle de l’éolien en France. Les projections s’appuient sur plusieurs piliers : engagement politique en faveur des énergies renouvelables, pression réglementaire de l’Union européenne et implication des grands groupes (Engie SA, TotalEnergies, Neoen SA, Voltalia SA). L’éolien, qu’il soit terrestre ou offshore, va renforcer son rôle dans la production d’électricité nationale.
Les perspectives évoquent une croissance régulière du marché d’ici 2032, même si l’allègement des freins administratifs sera déterminant. Selon le rapport Perspectives agricoles 2023-2032 (OCDE-FAO), le coût des énergies progressera lentement dans les prochaines années. Cet environnement tarifaire devrait favoriser la compétitivité du renouvelable face au fossile.
Plusieurs tendances ressortent de l’analyse sectorielle :
- Une progression modérée de la production éolienne, en phase avec les objectifs de neutralité carbone
- L’essor rapide de l’offshore, qui mobilisera une part croissante des capitaux
- Un marché de plus en plus concentré autour des grands groupes, mais aussi l’arrivée de nouveaux opérateurs via les appels d’offres régionaux
L’évolution dépendra aussi de la démographie, de la consommation et de la stabilité des prix de l’énergie. On s’attend à une montée progressive des capacités installées, portée par l’innovation et la continuité réglementaire.
Collaborer et anticiper : pourquoi s’entourer de partenaires pour réussir sur le marché éolien
Se lancer sur le marché de l’énergie éolienne en France exige bien plus que la maîtrise des technologies ou l’obtention d’un permis. Il s’agit avant tout d’intégrer un écosystème où la coopération devient un atout stratégique. Les leaders du secteur, comme Engie SA, TotalEnergies ou Voltalia SA, ne travaillent jamais seuls : ils s’allient aux banques pour sécuriser les financements, font appel aux assureurs pour limiter les risques techniques et collaborent étroitement avec les collectivités territoriales pour ancrer les projets localement.
Cette dynamique collaborative se retrouve à chaque étape. EDF, les agences de l’eau, la Mission Adaptation portée par l’ADEME et le Cerema, tout comme le Fonds Barnier qui finance la prévention des risques climatiques, accompagnent les collectivités et anticipent les défis liés à l’implantation de parcs éoliens.
Voici, de façon concrète, comment se répartissent les rôles principaux dans ce secteur :
- Entreprises : pilotage, exploitation, expertise et innovation technique
- Banques et assureurs : apport de capitaux, gestion des risques financiers et industriels
- Collectivités et agences publiques : intégration territoriale et acceptation sociale des projets
Anticiper les évolutions implique d’embrasser la diversité des contraintes : réglementaires, écologiques, économiques. Plus que jamais, la capacité à nouer des alliances solides déterminera la réussite sur un marché éolien en pleine transformation. Ici, la coopération n’est pas un supplément d’âme : c’est la clé pour accélérer la transition énergétique et s’imposer dans la compétition européenne. L’énergie du vent, demain en France, sera collective ou ne sera pas.


